Certains aimants sont permanents, d’autres agissent le temps d’un instant sous l’effet d’un champ magnétique extérieur. Le musicien Tommy Rizzitelli propose une immersion sonore dans cet univers ferromagnétique, à travers un voyage fait de batterie et de synthétiseurs analogiques, où l’auditeur et le musicien partagent et imaginent leurs places ensemble, comme des aimants.

Le ferromagnétisme est la théorie qui explique comment certains matériaux deviennent des aimants. Le gadolinium, utilisé comme agent de contraste pour les IRM, est une terre rare et l’un des quatre éléments ferromagnétiques qui existe sur notre Terre. Extrait à l’autre bout du monde, on le retrouve dans la coquille saint Jacques de la rade de Brest. Que vient donc faire cet élément blanc argenté et rare en ces lieux ?

C’est tout ce long chemin, au hasard d’une segmentation, que les chercheurs du laboratoire BeBest/CNRS ont découvert, suivi et taché de comprendre. Ils ont développé des solutions qui permettent depuis octobre 2021 le recyclage du gadolinium, qui était jusqu’à présent totalement rejeté dans le milieu aquatique.

Tommy Rizzitelli nous immerge sur ce chemin et dans ces questions essentielles d’aujourd’hui à travers sa peinture sonore en solo. A la genèse de ce voyage, l’entrevue entre le musicien et le géochimiste J.A. Barrat, à l’origine de cette découverte. Cette expérience fait partie du projet

SONARS (CNRS / La Carène, Brest), rencontre entre art et science.

Amoureux des sons, le musicien propose d’y fusionner deux mondes qui s’opposent: la batterie, instrument primaire qui n’a pas besoin d’énergie électrique pour fonctionner, qui produit des sons courts et percussifs; et les synthétiseurs analogiques, dont les sons peuvent être infinis, grâce à de complexes recherches et expérimentations depuis Thomas Edison, où des femmes et hommes n’ont cessé de vouloir créer de la poésie sonore en transformant l’électricité en signal audio.

Tommy relie par électromagnétisme ces deux mondes en créant une peinture sonore très personnelle. Sa batterie est reliée à des capteurs qui permettent de la colorer de sons rêveurs et de la faire témoigner, en empruntant les voix d’un colloque d’industriels vantant les mérites du gadolinium et celle de Russell Means, qui rappelle la vision Native Américaine de la Terre et durespect de la nature.

Grâce à cette technique et cette installation, ce solo est une constante improvisation, allant d’un

tableau à un autre. Tommy Rizzitelli y peint les sons avec une grande liberté, se laissant guider par eux, fruits de ses constantes recherches et expérimentations.